Cuba – La dernière page d’une bien belle histoire (2/2)

Ça y est, nous y voilà, la ligne d’arrivée de ce voyage au long cours est située sur le tarmac de l’aéroport de la Havane. Dernière semaine à Cuba, entre découvertes d’un autre temps et profit de chaque instant avant le retour…

 

Cienfuegos

Après à peine 5 jours dans la pointe Ouest de l’île, il nous faudra 7h de minibus pour atteindre la Perla del Sur (perle du Sud) par laquelle on commence notre virée à l’Orient de Cuba. Cienfuegos et son centre historique reconnu patrimoine mondial de l’Unesco, nous a vraiment beaucoup plu avec ses majestueux bâtiments pastels

Moment culture : Ville portuaire, elle est fondée en 1819 par des français en provenance de Bordeaux, de la Louisiane et de Philadelphie. Artisans pour la plupart, ils viennent chercher la fortune dans le Nouveau Monde ! –Mais ils sont partout ces français, dis donc ! ^^-

 

Vraiment pas mal la vue sur la baie dans ce palais au style très éclectique !

 

 

 Trinidad, la vallée sucrière

Le trajet vers Trinidad (1h à l’Est en restant sur la côte) sera le prétexte pour embarquer dans notre 1^er « taxi américain » ! une carrosserie des années 50 super bien remise en l’état –troooop cool ces sièges tout moelleux, qui nous font rebondir au moindre relief sur la route !^^-, mais le meilleur c’est que le moteur est un récent Mercedes !! vroum, vroum, en avant…

 

Ville coloniale, elle aussi est classée au patrimoine mondial de l’Unesco, c’est une des destinations touristiques majeures du pays. On vient se balader dans ce superbe petit village aux rues pavées et aux maisons coloniales colorées, d’ailleurs grandement restaurées à l’occasion des 500 ans de la ville en 2014.

 

Une bonne journée, commence par un petit déjeuner de champion, et ce jour-là il sera composé de Minutas con pan achetées dans la rue -en fait un filet de poisson enrobé de pâte à beignet, servi dans un petit pain… Expérience quand tu nous tiens ^^ –

Après avoir abandonné la recherche d’une voiture à louer (dans ce pays « socialiste », c’est -évidement- l’Etat qui gère l’achat des voitures de location, mais l’offre est clairement dépassée par l’afflux touristique exponentiel…), on a sauté sur l’occasion de louer ce petit bolide à la journée !! En route pour la Vallee de los Ingenios (vallée des moulins à sucre) !

Moment culture : Après 3 siècles de culture du tabac et un important commerce de contrebande, c’est dans cette vallée que des familles d’aristocrates espagnols sont venues exploiter la canne à sucre à la fin du XVIIIe siècle,.

L’interdiction de la traite des esclaves noirs par le Royaume d’Espagne en 1817, se poursuivra quand même à Cuba jusqu’en 1860, et « permettra » à ces grandes familles de produire et exporter en Europe jusqu’à 80 000 tonnes de sucre par an ! Ces grands propriétaires terriens vivaient dans de magnifiques haciendas pastel, comme celle de Don Borrell, aux peintures directement réalisées sur les murs…

Difficile d’imaginer que la propriété comptait à l’époque 360 esclaves et 18 domestiques, qui dormaient tous dans un même baraquement sans commodités… Un autre propriétaire, M. Iznaga, a même fait construire une tour de 42m pour pouvoir surveiller leur travail dans  les champs !! –Aujourd’hui, au pied de la tour, les locaux viennent proposer les broderies traditionnelles aux touristes–

Obligés de conclure cette visite par la dégustation du traditionnel jus de canne à sucre : le guarapo. La canne est pressée dans une machine (qui était autrefois une presse manuelle), et libère un jus qui a un goût étonnamment léger ! en lui rajoutant du citron vert, c’est un délice très rafraichissant

 

 

Les soit-disant « plages sublimes » du Cayo Santa Maria

Pour aller dans ce petit archipel, il faut passer sur la côte Nord de l’île. Puisque l’accès ne se fait qu’en « bus inter-hôtel » ou en taxi, c’est encore dans une belle américaine qu’on découvre ce paysage très particulier et inhabituel. D’abord parce que les principales îles sont reliées par un long terre-plein routier –il permet aux locaux de pouvoir accéder à ces plages, puisqu’ils n’ont pas le droit de monter sur un bateau, cf précédent article sur Cuba–

Mais aussi parce que l’Etat investi massivement dans la construction hôtelière… Entre futurs immenses barres d’hôtel et village-hôtels qui donnent l’impression d’être à Disney-Land, on a trouvé que le paysage était tristement abîmé, et on a regretté le manque d’authenticité et de « vie »…

… Mais peut-être que c’était aussi le mauvais temps hivernal qui n’a pas aidé notre impression. Pas de baignade pour cette dernière journée plage du voyage ! On s’est donc « consolés » avec un énorme rassemblement de kite-surf venant profiter des 17 nœuds de vent !

 

 

Habana, l’authentique

Mais comme le temps passe vite ! les derniers jours du voyage sont déjà là, direction donc la capitale ! Entre son malecon (bord de mer) où on pourrait passer des heures à regarder les vagues se briser…

… et les rues pittoresques de sa vieille ville dans laquelle on a beaucoup apprécié se balader et se perdre.

Les 500 ans de la ville en 2018 sont prétexte à de grands travaux de « remise en beauté », mais à ce stade du projet on remarque surtout l’énorme décalage entre la vétusté de certains quadras (pâtés de maisons) d’habitation et les beaux bâtiments publics déjà refaits…

 

Drôle de passer devant de nombreuses pharmacie-musées datant de l’époque coloniale !… avec leurs bocaux de porcelaine, leurs monstrueux livres d’apothicaire, et d’anciens produits comme ce dentifrice français !

 

Difficile de passer à côté de l’incontournable visite Havana Club pour en apprendre un peu plus sur le procédé de fabrication du rhum – et goûter !^^ On retiendra que le rhum est fabriqué à partir de la mélasse, et qu’il existe des rhums « collectors » qui ont jusqu’à 1 siècle !! (1500€) et encore plus que pour le vin, le rhum est le résultat d’un savant assemblage pour que les bouteilles soient égales d’une année sur l’autre ! –Vous saviez que le groupe Pernod-Ricard détenait 50% de la marque ??-

 

 

Et voilà, c’était 2 derniers jours vraiment parfaits à flâner dans la capitale cubaine… Mais puisque malgré ces 2 articles, il y a encore des choses qu’on a envie de vous raconter, on ne résiste pas à la tentation de vous commenter encore quelques photos qui soulignent ce qui nous a marqué pendant ces 2 semaines à Cuba :

Un retour dans le temps… Exploitation des champs presque uniquement à la force des bœufs

Se promener dans les rues et se croire dans un décor de film avec les boutiques et les logos

Croiser un camion de marchandises transformé en transport en commun…

Et un florilège de belles américaines retapées !!

 

Photo engagée – à Maria-la-Gorda, on signe un engagement de ne pas plonger avec un excès de crème solaire pour ne pas polluer l’eau, mais dans la baie de La Havane les raffineries de pétrole sont vétustes, et personne n’en parle…

 

Un pays, 2 monnaies : Pesos cubain vs CUC – Cuba est le seul pays à émettre 2 monnaies. Suite à la chute du Bloc de l’Est, pour éviter au pays de sombrer dans une crise économique, les cubains payaient en pesos cubains et les touristes en dollars US (paradoxal pour un pays anti-US…) ! Les Pesos cubains étaient eux réservés aux locaux. Mais en 2004, le Gouvernement a décidé de ne plus accepter les dollars et créer le peso convertible (CUC) destiné aux touristes qui n’a aucune valeur hors du pays (1 CUC = 1 USD = 25 pesos cubains). Mais depuis 2013, Castro a entamé un processus pour revenir à une monnaie unique. Résultat : tout le monde peut se procurer les 2 monnaies, et dans de nombreux magasins d’Etat le double étiquetage est pratiqué, mais certains biens ne leur sont accessibles qu’en CUC (savon, shampoing, vêtements,…) et les prix sont presque européens !

Un gros décalage est donc en train de se créer entre les cubains qui continuent de percevoir leur salaire d’Etat en pesos cubains (environ 30€/mois pour un kiné, idem pour un prof…), alors que tous ceux qui profitent de la réforme récente et travaillent à leur compte dans le tourisme gagnent de l’argent en CUC… et beaucoup !! (une maison d’hôte peut gagner 1800€/mois si elle loue ses 2 chambres tous les jours !!)

Entre les indépendants qui vendent par la fenêtre de leur salon des pizzas ou des pâtes en pesos cubains à une valeur de 0,5€ pièce, et les chauffeurs de taxi qui facturent en CUC 60€ pour 3h de route… Le système a vraiment perdu son sens ! On comprend mieux pourquoi tous les chauffeurs de taxi sont sur-diplômés et préfèrent conduire plutôt que d’exercer le métier qui leur plait pour un salaire qui ne leur permet plus de vivre !

 

2015 Fin de l’embargo US en vigueur depuis 1960… – Mis en place pendant la Guerre Froide dans le cadre de la lutte contre le communisme, c’est un beau pas en avant quand on voit la menace que représente Cuba par rapport à celle bien plus sérieuse qu’on a à combattre aujourd’hui… Après seulement 6 mois, les effets ne se font pas encore sentir (à part sur le tourisme qui explose !!), les rayons des supermarchés sont toujours très peu fournis. La veille du départ, on a allégé nos sacs pour l’avion, et on a proposé notamment des coton-tiges à notre hôte, et sa réaction a été surprenante et émouvante d’enthousiasme ! Apparemment ça fait partie des produits en rupture totale depuis longtemps, donc c’est un cadeau très précieux pour eux !… et dire qu’on a hésité à les mettre à la poubelle…

La seule chose qui n’est pas en rupture ce sont les boissons gazeuses nationales, alternatives à celles du groupe Coca notamment… on a goûté, et c’est très ressemblant ! 🙂 – ici, les similis Sprite et Cola–

 

Ouverture du réseau wifi ! Depuis septembre 2015, l’Etat a décidé de rattraper son retard en termes de télécommunication. Internet n’est plus uniquement disponible dans les boutiques d’Etat, mais désormais sur la place principale des villes touristiques via des bornes wifi. La connexion se fait via des cartes prépayées (2h l’heure) – Impressionnant de voir en fin de journée, la quantité de locaux qui viennent en profiter pour skyper avec les membres de leur famille qui ont réussi à s’expatrier !

 

Quinceanera – Littéralement Fête des 15 ans, ou comment être une princesse pendant 1 journée. Dans la plupart de l’Amérique Latine, les filles ont droit pour leur 15 ans, considéré traditionnellement comme un passage à l’âge adulte, à une fête avec toute la famille et les amis, et surtout la fameuse séance photo en robe de princesse qui sera encadrée et gardée dans le salon familial avec beaucoup de fierté !

 

 

=> Cuba aura été une bien belle destination pour conclure cette aventure! Un pays qu’on a vraiment ressenti comme unique, pas forcément dans ses paysages (même si les plages sont particulièrement magnifiques), mais surtout dans sa VIE. Un pays qu’on a vraiment aimé observer et tenter de comprendre, et qui nous a donné envie d’y revenir (encore un!)

Après exactement 332 jours d’aventures, nos pieds sont sur le sol français depuis samedi. –Comme c’est bien de dormir dans son lit, et d’être sûr que la douche sera chaude!- C’est vrai que c’est une sensation étrange de regarder en arrière… Entre tournis, bonheur et fierté. Mais vraiment pas de mélancolie! On a profité de chaque instant au maximum, sans avoir peur de penser au retour de temps en temps. Du coup, on a maintenant hâte de commencer cette nouvelle vie, avec plein de nouveaux projets! On dit bien que « S’aimer ce n’est pas se regarder l’un l’autre, mais regarder ensemble dans la même direction« , non? ^^ et bien c’est plus vrai que jamais, et la direction est belle.